C'est bien simple : j'ai toujours aimé lire des magazines divers et variés (Métal Hurlant, Mad Movies, Pif Gadget, etc) et j'avais envie de faire ma propre presse moi-même... Après un premier essai quand j'avais genre 9-10 ans, j'ai bricolé au lycée un petit zine qui allait devenir le ChériBibi. Puis, en 2005, m'suis dit qu'il était temps de passer à la vitesse supérieure, que ça avait l'air d'intéresser d'autres personnes que mes potes et en 2007 on a sorti, avec Lionel "Blades" et quelques autres, la nouvelle formule secrète du ChériBibi telle qu'on la connaît aujourd'hui (mais la connait-on vraiment?).

Pour la faire dans l'ordre chronologique, j'ai rencontré Mensi au festival suisse Rude Boys Unity vers 2002 je crois. La discussion a pas duré longtemps, dans des backstages noirs de monde, et le Mensi n'était guère prolixe. Mais à l'arrivée, l'interview retranscrite était -je trouve- assez intéressante (publiée dans le ChériBibi n°15). Quand on fait des interviews direct live, on redécouvre souvent des choses à la retranscription... même quand on pensais avoir foiré le truc pour une raison ou une autre.
Pour ce qui est du Roi Pierce des Last Resorts, ça a été fait à Paris en compagnie de Ben du zine Une Vie Pour Rien? et on s'est "gentiment" pris la tronche avec le Roi sur la question du patriotisme vu que c'était pendant l'engagement anglais en Irak. Adorant le premier Last Resort, je ne découvrait évidemment rien sur le patriotisme du groupe (Angelic l'est aussi, soi-dit en passant) mais, au delà de ça, j'ai surtout trouvé que c'était un gros beauf qu'avait rien d'intéressant à dire. Donc j'ai pas publié son interview. Mais tu peux la lire dans UVPR? n°6.

Quand j'ai commencé à m'intéresser au ska, c'était surtout le 2-Tone (Specials, Selecter, The Beat) que je découvrais en premier lieu. Je m'étais -hasard?- rasé le fly-top quelques mois auparavant pour le bachot et le boulot estival. Un jour, je croise Nanabozo -haute figure parisienne de l'époque et membre des Ruddy Fox- qui me demande ce que je suis. Je lui répond "Rude boy" en référence aux Specials et il me rétorque "Non, les rude boys c'est des noirs en Jamaïque. Toi t'es skinhead". Donc depuis, je suis skinhead.

C'est là tout l'intérêt de la chose... Après tout, l'anarchisme et le marxisme aussi c'est chiant et incompréhensible, pourtant un tas de gens s'en revendiquent... sans forcément y avoir pigé grand'chose. Et puis les situs étaient plein d'humour, en plus d'avoir une analyse pertinente voire visionnaire de la société. Quand on m'a mis "La société du spectacle" de Debord entre les pognes, j'ai rien pigé. Or quand je pige pas, ben j'ai envie de piger. Donc j'ai fini (je suppose) par piger et là j'étais foutu pour la cause spectaculaire marchande ! C'est comme la pilule rouge et la pilule bleue dans Matrix : si tu prend la rouge, difficile de revenir en arrière... Quant au rapport avec les skins, il m'avait semblé évident quand j'ai écrit "Un Dispensable manifeste du Skinhead Situationniste"... mais j'étais bourré.

On a fondé le SHARP à Paris en 93 et, sans la jouer ancien combattant, l'époque était franchement différente, sans doute plus proche des années 80 que des futures années 2000. Voilà, on était jeunes, "haïs et fiers" comme qui dirait vu que personne ne nous aimait, ni les gauchos ni les fachos ni les passants ni... personne en fait. On traînait pas mal avec les Ruddy Fox et d'autres membres de bandes de "chasseurs" comme les GB et les LS, ce qui n'arrangeait pas toujours les choses. Chaque concert, chaque sortie avait son lot d'embrouilles et la triplex ne servait pas qu'à soi-disant tenir le pantalon ! On a beaucoup couru devant ou derrière l'adversité mais on s'est quand même bien marré et il en est resté de très solides amitiés puisque, 20 ans après, on est quasiment tous encore en contact, voire collés ensemble chaque week-end (sauvage) !

Les fachos récupèrent ce qu'ils peuvent de l'imagerie gauchiste vu qu'ils n'ont aucune imagination. En ce qui me concerne, je ne sais plus quand j'ai commencé vraiment à fréquenter la "totonomie" mais, venant d'une banlieue rouge, j'étais pas très emballé par les trucs genre JC. Ni par les réunions sans fin en vue de préparer la prochaine commission qui statuera sur la thématique de la réunion suivante... On "adhère" pas à l'autonomie, on rencontre des gens en fin de manif, dans des squats, etc, et on s'implique dans des actions directes (occupations et autres) selon ses affinités et les causes avec lesquelles on est "à l'aise". M'étant rapidement rendu compte que le lancer de cocktail et pavé sur CRS était futile dans 99% des cas (ceci-dit, le 1% restant est réellement efficace), je me suis rapidement retrouvé "habitué" aux luttes des sans (sans emploi, sans logis, sans papier, sans terre, etc) et je milite toujours dans une association de chômeurs et précaires auto-organisés, l'Apeis, où on fait tout sauf du caritatif. Avant le folklore de la cagoule et du cocktail incendiaire, l'autonomie c'est d'abord "se soumettre à ses propres lois". Et je pense qu'il y a une cohérence justement avec le trip skin, la conscience de classe et la réflexion situationniste. En tout cas, c'est avec ce genre de mix que je me suis construit et, bordel, je crois pas trop mal m'en tirer !

Elle est multiple, ce qui permet de la prendre par différentes voies (seules celles du seigneur sont impénétrables paraît-il). Niveau neusks, les 'tits jeunes de Maraboots sont bien cools, même s'ils écoutent pas beaucoup de reggae par rapport à "my generation". J'ai jamais trop fréquenté les punks, du moins les punks à chien, même si j'en connais un pacson (de chiens). Bien sûr, j'ai beaucoup zoné dans les squats mais bon, avec la bande de Belleville on était plus en cheville avec les rockers 50's et quelques "punk rockers" à l'ancienne. Après, on est quand même tous pas mal punks dans ces milieux là, ne serait-ce que par rapport au trip Do It Yourself. Bref, la scène à Paname est assez moribonde aujourd'hui j'ai l'impression. Du moins pas très énergique, même si elle se renouvelle et rajeunit avec, hélas, une attitude de plus en plus de "simples consommateurs". C'est encore une fois l'impression - un brin blasé sûrement- que j'en ai. Pour être sincère, je bouge plus trop à Paname, je préfère la banlieue (Ivry, Vitry, Montreuil, Bagnolet, St Ouen,...). C'est là qu'il y a encore de vrais rades populaires, des p'tits concerts tranquillou, des lascars qui se la racontent pas et qu'on retrouve un peu de l'esprit qui nous poussait à monter sur la capitale bellevilloise les fins de semaine pour se marrer jusqu'à l'aube avant de rentrer chacun dans sa banlieue...jusqu'à la prochaine fois.

Auprès des milieux "alternatifs" oui, c'est indéniable. La boule à zéro, le Harrington et le sweat Lonsdale en sont même devenus un uniforme obligé ! Après, on voit toujours régulièrement surgir des reportages tout moisis assimilant skins et fachos, véritables appeaux pour gogos tombant dans le panneau mitonné par ces récupérateurs-nés que sont les groupusculaires vociférateurs de l'extrême droite. C'est toujours aussi désespérant de voir que la presse n'a retenu aucune leçon et continue à servir la soupe aux mêmes grandes gueules. A côté de ça, il faut bien dire ce qui est, le look skin se fond davantage dans la masse qu'avant, on se fait plus embrouiller à tout va pour un bomber, un crâne zéra et des feux de plancher ! Faut comprendre que, dans les années 90, un simple badge avec écrit "skinhead" en tout petit pouvait déclencher une baston avec une bande de cons croisés dans une salle de ciné (oui, c'est du vécu). Le "grand méchant look" s'est démocratisé, tout le monde porte Fred Perry et boule à zed, Doc Martens et bomber, même les ourlets sont à la mode ! Remarque, je m'en fous un peu, les modes étant faites pour passer et les skins pour rester.

Déjà, j'aimerais finir par envoyer à l'imprimeur le prochain ChériBibi, ce serait pas mal. Et puis le sortir un peu plus souvent, genre deux fois l'an vu que j'accumule les contenus (interviews notamment) et que c'est un peu frustrant. Mais j'ai énormément de boulots divers et variés pour remplir la gamelle alors j'en profite des fois que ça durerait pas. Je viens aussi de finir un bouquin sur Nuclear Device qui devrait sortir au printemps 2013, mais également de monter une maison d'édition BD, Ici Même, qui sort ces jours-ci "El Djazaïr" de Luis Garcia, BD espagnole de 79 sur l'histoire des résistances algériennes à l'occupation française entre 1830 et 1954, soit le début de la guerre d'Algérie "officielle". Je prépare aussi une compilation de 4 CD sur la musique jamaïcaine de 1951 à 1962 (mento, R&B, ska) et... je sais plus, des projets y'en a trop et j'ai bien l'intention de les mener tous à terme ! 

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